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Il est épars au loin dans les autres natures ; Personne n’a l’alpha, personne l’oméga ; Ce nom, qu’en expirant le passé nous légua, Sera continué par ceux qui sont à naître ; Et tout l’univers n’a qu’un objet : nommer l’être !

Et des soleils sont morts et des soleils mourront, Et l’espace où l’étoile éclôt, la flamme au front, A vu naître et pâlir dans ses profondeurs fauves Des feux qui ne sont plus que de vieux astres chauves ; L’heure apporte et reprend les jours, les mois, les ans, Et la mémoire avorte à compter ces passants, Et l’ombre épouvantable en ses aveugles ondes Roule des millions de millions de mondes, Et le sillon engendre et la fosse enfouit, Et tout se développe et tout s’évanouit, Et tout brille et s’éteint ; mon phosphore et le vôtre, Et les êtres confus tombent l’un après" l’autre, Et toujours, à jamais, sans qu’il cesse un moment D’emplir le jour, la nuit,l’éther, le firmament, Sans qu’aucun autre bruit l’interrompe et s’y mêle, Le nom infini sort de la bouche éternelle !