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Sa chair s’oubliait l’homme était en lui dissous ; Du, splendide Univers il tâtait le dessous ; Livide, il assistait aux blancheurs idéales, Aux détonations d’aurores boréales, Aux déluges roulant dans leurs vastes limons Des hydres qui semblaient des gouffres et des monts, Aux chaos combattant la vie, aux héroïsmes - Des globes traversant ces rudes cataclysmes, Au miracle, à l’atome ; et son regard voyait Des naissances d’édens dans l’abîme inquiet, Des jets d’étoiles d’or, des chutes de décombres, Et des explosions de créations sombres. Et pendant qu’il rêvait, immobile, voyant L’inouï, — l’ignoré, le trouble, l’ondoyant, Les visions, l’azur indicible, feux, nimbes, Masques crispés d’enfants sanglotant dans les limbes, Et la torche de l’astre allant mettre le feu À des mondes perdus au fond du vide bleu, Et la larve, à travers les brumes décuplantes, Entre les doigts des pieds il lui poussait des plantes, Et les feuilles, qui font leur ouvrage sans bruit,. Couvraient cet homme ainsi qu’un chêne dans la nuit.

Et cette intimité formidable avec l’être Faisait de e songeur farouche, plus : qu’un prêtre, Plus qu’un augure, plus qu’un pontife ; un esprit ; Un spectre à qui, la mort radieuse sourit. Et c’est de là que vient cette auguste puissance Faite d’immensité, d’épouvante, d’essence, Qu’a le poète saint et, qu’on sent dans ses vers Les prodiges au fond du mystère entr’ouverts