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Ou bien est-ce le Dieu qui fait lugubrement Chanter, quand l’heure vient de vêpre ou de matines, L’homme qui n’est plus homme aux chapelles sixtines, Et qui, lui créateur, se plaît à l’écouter ? Ou parles-tu du Dieu qu’il faudrait inventer, Que dans l’ombre la peur concède au phénomène, Par les sages bâti sur la sagesse humaine, Utile à ton valet, bon pour ton cuisinier, Modérateur des sauts de l’anse du panier, Dieu de raison qu’au fond de son spectre solaire Le bourgeois bienveillant raille, exile et tolère, Dieu consenti par Locke et que Grimm refusa, Très-Haut à qui d’Holbach a donné son visa, Éternel maçonné par le vivant qui passe, Entrecolonnement du temps et de l’espace, Pièce d’architecture ajoutée après coup À la vie, au destin, au bien, au mal, à tout, Tour tremblante de vide et hors-d’œuvre de l’homme ? Tous ces dieux, quel que soit le nom dont on les nomme, Sont tout, excepté Dieu.

                        L’homme abject a besoin,

Étant méchant, d’un juge, et, hideux, d’un témoin ; Il veut un Dieu. C’est bien. L’homme prend de la brique, De la pierre, du plomb, du bois, et le fabrique ; Chaque peuple a le sien ; et la religion