Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée

Plus tard, pierriers broyant quelque donjon-rival Jusqu’à ce qu’il s’en aille en cendre et se dissoude, Mangonneaux, fauconneaux, bat-murs, pièces à coude, Renversant les cités dans leur fossé bourbeux ; Volcans grégeois traînés par trente jougs de bœufs, Canons vénitiens, serpentines lombardes ; Dieu qui dit à Coglione : attelle les bombardes ; Qui rit, pauvre blessé, du grabat où tu geins, Que la bataille enivre avec tous ses engins, Chaudrons à poix bouillante et fours à boulets rouges, Qui chasse les manants éperdus de leurs bouges ; Qui rêve Te Deum qui s’endort aux accents De l’obusier Lancastre et du mortier Paixhans ; Qui prête, quand la mine est faite sous la brèche, Son tonnerre du besoin pour allumer la mèche, Et, quand la terre s’ouvre avec un large éclair, S’épanouit de voir les gens sauter en l’air ?


Vision du passé par votre âge subie ! Est-ce du Dieu jugeur ? Oh ! l’étrange lubie ! Dieu chancelier, portant perruque in-folio, Vidant le procès Homme et l’Être imbroglio ! Dieu président, siégeant dans l’univers grand’chambre, Jugeant l’âme, et bâillant, sous un ciel de décembre, Entre l’avocat ange et l’avocat démon ? Dis, est-ce le dieu guèbre, est-ce le dieu mormon Qu’il te faut ? Ou le Dieu qui fit rouer Labarre ? Vois. Choisis. Ou le Dieu qui donne au turc barbare Des femmes plein la tombe et plein le firmament ?