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Sont fausses, et le jour ignore les flambeaux.
La constellation dans l’illusion rampe ;
Le plein midi n’aurait que faire d’une lampe ;
Tout rayonnement vient du centre et du milieu ;
Comme il n’est qu’une aurore, il n’est qu’un soleil, Dieu,
Qui pour les yeux de chair, couverts de sombres voiles,
Pleut le jour en rayons et la nuit en étoiles.
L’âme est l’œil, il est l’astre. Elle ne voit que lui.
Tout est clarté. Le ver rampant, l’ange ébloui,
Tout, les immensités où se perdent les sondes,
Tout, ces vagues de Dieu que vous nommez les mondes,
L’apparent, le réel, vierge en robe de lin,
Homme, enfant, cieux et mers, espaces, tout est plein
D’un resplendissement d’éternité tranquille.
Comptez les milliards de siècles par cent mille,
Vous n’aurez pas dit un devant l’éternité.
Jetez toute votre ombre, ô nuits, à la clarté,
Au gouffre de splendeur que Dieu profond anime,
Et vous ne ferez pas une tache a l’abîme.
Vous n’êtes point. Au bas des cieux où nous montons,
On voit vos grandes mains qui cherchent a tâtons,
Ô nuits, spectres ! on voit vos formes de nuées
S’approcher et grandir ou fuir diminuées,
Et le grand gouffre bleu, plein d’éblouissements,
Ô brumes, ne sait rien de vos écroulements,
Et le rayonnement formidable flamboie.
Ombres, vous n’êtes point. Pour être il faut qu’on voie.
Ténèbres, il n’est pas, devant les firmaments,