Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/246

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il n’a plus rien de saint, il n’a plus rien de cher ;
Et sa tête de mort apparaît sous sa chair.
Votre t’erre niant ne serait qu’une infâme,
Et sa nuit grandirait ; car retirer cette âme.
À l’univers, c’est faire un abîme au milieu.
Qui, du centre de l’être insondable, ôte Dieu,
Ôte l’Idée avec tous ses aspects, puissance,
Vérité, liberté, paix, justice, innocence ;
Ôte aux êtres le droit, ôte aux forces l’aimant,
Ote la clef de voûte, et vois l’écroulement !
Je t’ai parlé ta langue, homme que je rencontre.
Et que veux-tu de plus ? faut-il qu’on te le montre ?
Ô regardeur aveugle et qui te crois voyant,
Comment te montrer Dieu, cet informé effrayant ?
Comment te dire : ici finit, ici commence ?
Fin et commencement sont des mots de démence.
Fin et commencement sont vos deux grands haillons.
Homme, chante ou blasphème à travers tes bâillons, ;
Tu mêleras, sans dire un mot de la grande âme,
Ton blasphème à la nuit et ton hymne à la flamme :
L’idée à peine éclôt que les mots la défont.
Comment se figurer la face du profond,
Le contour du vivant sans borne, et l’attitude
De la toute-puissance et de la plénitude ?

Est-ce Allah, Brahma, Pan, Jésus, que nous-voyons ?
Ou Jéhovah ? Rayons ! rayons ! rayons ! rayons !