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De l’équation Dieu le monde est le binôme
Dieu, c’est le grand réel et le grand inconnu ;
Il est ; et c’est errer que dire : Il est venu.
Quoique l’impénétrable énigme le vêtisse,
Quoiqu’il n’ait ni lever, ni coucher, ni solstice,
Êtres bornés, il marque, au fond du ciel sans bord,
Vos quatre angles, levant, occident, midi, nord ;
Il est X, élément du rayonnement, nombre
De l’infini, clarté formidable de l’ombre,
Lueur sur le coran comme sur le missel,
Éternelle présence à l’œil universel !
C’est lui l’autorité d’où jaillit l’âme libre ;
C’est lui l’axe invisible autour duquel tout vibre,
Et l’oscillation dans l’immobilité ;
Oscillation sombre, au cercle illimité,
Qui va, prodigieuse, une, inouïe, étrange,
Des oreilles de l’âne aux ailes de l’archange.
L’être sans cesse en lui se forme et se dissout ;
Il est la parallèle éternelle de tout ;
Il est précision, loi, règle, certitude,
Justesse, abstraction, rigueur, exactitude,
Et toute cette algèbre en tendresse se fond.
Et dans l’indéfini, l’obscur et le profond,
À travers ce qu’on nomme air et terre, flamme, onde,
Cet X a quatre bras, pour embrasser le monde,
Et, se dressant visible aux yeux morts ou déçus,