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Qu’on le montre éveillé, qu’on le montre dormant,
Sa respiration soulevant doucement
Toutes les profondeurs de toute l’étendue,
Remuant la comète au fond des cieux perdue,
Le vent sur son cheval, la mort sur son éclair,
Et le balancement monstrueux de la mer,
On ne le peindra pas. Lui ! Lui ! l’inamissible,
L’éternel, l’incréé, l’imprévu, l’impossible,
Il est. La taupe fouille et creuse, et l’aperçoit ;
L’ombre dit à la taupe es-tu sûre qu’il soit ?
La taupe répond : Dieu ! Dieu de l’aigle est la proie.
Suppose que sur terre un seul être en Dieu croie,
Cet être, si jamais le soleil, s’éclipsait,
Remplacerait l’aurore. Et sais-tu ce que c’est
Que le fauve ouragan, tonnant et formidable ?
C’est, dans les profondeurs du gouffre inabordable,
L’infini murmurant : je l’aime ! à demi-voix ;
Quand l’étoile rayonne, elle dit : je le vois !
Tout le cri, tout le bruit et tout l’hymne de l’homme
Avorte à dire Dieu ! Le baiser seul le nomme.