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ASCENSION DANS LES TÉNÈBRES.
*


— Hein ? dit l’esprit.

Hein ? dit l’esprit. Et tout disparut, et l’espèce
De jour qui blêmissait dans la nuée épaisse
Sombra dans l’air plus noir qu’un ciel cimmérien.

J’entendis un éclat de rire, et ne vis rien.

*


Hélas ! n’étant qu’un homme, une chair misérable,
Dans cette obscurité fauve, âpre, impénétrable,
Dans ces brumes sans fond, sans bords, sous ce linceul,
Je songeai qu’il était horrible d’être seul.
Puis mon esprit revint à son but : — voir, connaître,
Savoir ! — pendant que l’ombre affreuse, louche, traître,
Roulant dans ses échos ce noir rire moqueur,
Grandissait dans l’espace ainsi que dans mon cœur.

*


Alors il me sembla qu’en un sombre mirage,
Comme des tourbillons que chasse un vent d’orage,
Je voyais devant moi pêle-mêle passer