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Il est. C’est le vivant, le vaste épanoui !
Ce que contemple au, loin le soleil ébloui,
C’est lui : Les cieux, vous, nous ; les étoiles, poussière !
Il est l’œil gouffre, ouvert au fond de la lumière,
Vu par tous les flambeaux, senti par tous les nids,
D’où l’univers jaillit en rayons infinis.
Il regarde, et c’est tout. Voir suffit au sublime,
Il crée un monde rien qu’en voyant un abîme
Et cet être qui voit, ayant toujours été,
A toujours tout créé, de toute éternité.
Quand la bouche d’en bas touche à ce nom suprême,
L’essai de la louange est presque le blasphème :
Pas d’explication donc ! Fais mettre à genoux
Ta pensée, et deviens un regard ; comme nous.
Pourquoi chercher les mots où ne sont plus les choses ?
Le vil langage humain n’a pas : d’apothéoses.

Ce qu’Il est, est à peine entrevu du tombeau.
Il échappe aux mots noirs de l’ombre. On aurait beau
Faire une strophe avec les brises éternelles,
Et, pour en parfumer et dorer les deux ailes,
Mettre l’astre dans l’une et dans l’autre la fleur,
Et mêler tout l’azur à leur splendide ampleur,
On ne peindrait pas Dieu. Songeur, qu’on le revête
De bruit et d’aquilon, de foudre et de tempête ;