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Chaque globe est un œuf hideux, sur qui se pose
La nuit triste, où l’on sent remuer quelque chose,
Couvert d’êtres maudits,
Lugubre, affreux, rongé de moisissure verte,
Qu’un jour un bec de feu brise, et d’où, l’aile ouverte,
Sort l’aigle Paradis.

Ce n’est pas le pardon c’est la justice auguste ;
C’est, après le rachat, la délivrance juste ;
L’équitable retour
Des hydres vers l’azur où l’on voit l’astre éclore,
Des muets vers la voix, des larmes vers-l’aurore,
Des spectres vers le jour !

Dieu n’est pas moins en bas qu’en haut ; oui, la nature
Sacre l’égalité de toute créature
Devant le créateur ; .
Et c’est le cœur de Dieu que sent l’être unanime
Dans ces deux battements énormes de l’abîme,
Profondeur et Hauteur.

Ces deux pulsations de la vie éternelle
Jettent l’âme innocente et l’âme criminelle,
L’une aux cieux ; l’autre aux nuits ;
Chacun va dans la sphère où sa pesanteur tombe.
Dieu, pour noircir l’orfraie et blanchir la colombe,
N’a :qu’à dire je suis.