Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/230

Cette page n’a pas encore été corrigée


L’infiniment petit, l’infiniment grand ; songes !
Ces soleils que tu vois, ces azurs où tu plonges ;
Âme errant sans appuis,
Les orbites de feu des sphères vagabondes,
Les éthers constellés, les firmaments ; les mondes,
Cercles du fond du puits !

Ô citerne de l’ombre ! Ô profondeurs livides !
Les plénitudes sont pareilles à des vides.
L’œil cherche le soutien.
L’être est prodigieux à ce point, j’en frissonne,
Qu’il ressemble au néant ; et Tout par moments donne
Le vertige de Rien !

On revient au néant par l’énormité même,
Oui ! S’il n’était pas là, lui, le témoin suprême,
Oh ! comme on frémirait !

Mais ce grand front serein dans l’immensité rentre,
Et, comme un feu suffit pour éclairer un antre,
L’univers reparaît.

Ô Création, choc de souffles, bruit d’atomes,
Terre, trône de l’homme, univers, cieux, royaumes,
Rayons, sceptres, pavois,
Monde noir qui te tais et qui dors ! Dieu se lève.
Ombre ! il est le regard ; sommeil ! il est le rêve ;
Silence, il est la voix !