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Soyez témoins, ô cieux, que l’ilote et l’esclave,
Le goîtreux dont l’œil rêve et dont la lèvre bave
Dans ses mornes sommeils,
Et sur son lit maudit, le lépreux solitaire,
 cieux, sont vos égaux, et que les vers de terre
Sont vos frères, soleils !

Soyez témoins, éthers où vit l’âme ravie,
Épanouissements de splendeur et de vie,
Édens par Dieu dorés ;
Paradis qui passez avec le son des lyres,
Rayons, soyez témoins, soyez témoins, sourires,
Que les pleurs sont sacrés !

Il ne tient qu à la nuit, et cela dépend d’elle,
D’être heureuse, innocente, et sincère, et fidèle,
De nous éblouir tous,
Et de voir tout à coup, clartés dans l’ombre écloses,
Des flots de colibris ; sortis d’un tas de roses,
Aveugler ses hiboux !

Le méchant est un mort dont l’harmonie est veuve.
Il peut, quand il lui plaît, renaître après l’épreuve,
Et revenir, ailé,

Superbe, triomphant, sans pleurs, sans deuil, sans crainte,
Serein car tout esprit de la justice sainte
Est l’époux étoilé !