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Le vaste Jupiter avec ses quatre lunes.
Prends l’ouragan, le bruit, le jour bleu, les nuits brunes,
Le tropique et l’été, le pôle avec l’hiver.
Vénus, perle du soir, je te donne à ce ver.
Ver, prends Aldebaran que vit Jean, mon apôtre,
Et prends ses trois soleils qui roulent l’un sur l’autre ;
Prends tous les firmaments et tous les océans,
Et le haut zodiaque aux douze astres géants,
Tournant comme une roue au fond des ombres noires.
Sache que Dieu pourrait donner toutes ces gloires
A ce vil ver de terre immonde et chassieux
Sans étonner un seul archange dans les cieux !
Et sache aussi que Dieu donnerait à cet être :
Ce que dans tous les lieux l’éternité voit naître,
Tous les astres qu’on voit, tous ceux qu’on ne voit pas,
Tout ce qui tourbillonne au souffle du trépas,
Et les mille flambeaux tremblant sur le grand voile,
Sans que l’infini fût amoindri d’une étoile,
Et qu’ayant tout donné, Dieu n’aurait rien de moins.

Et l’archange reprit : Soleils, soyez témoins,