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Que tu ne descendis et que tu ne sondas,
Homme, et qu’elle peut faire un élu de Judas
Sache que Dieu, domptant même l’œil qui fascine,
Change, quand il lui, plaît, le serpent en racine,
Si bien qu’avec le temps ses desseins sont remplis,
Et que de la vipère il fait sortir un l’ys.
Qu’ont donc appris à l’homme Inde, Égypte et Chaldée,
S’il est pétrifié par cette simple idée
Que l’âme se perdra, se perd et se perdit,
Mais que Dieu peut toujours la trouver ? Qui te dit
Que, le jour où, la mort enfin te fera naître,.
Tu ne verras, pas, homme, au seuil des cieux paraître,
Un archange plus grand et plus éblouissant
Et plus beau que celui qui te parle à présent,
Ayant des fleurs soleils, des astres étincelles,
Et tous les diamants du gouffre dans ses ailes,
Qui viendra vers toi, pur, auguste, doux ; serein,
Calme, et qui te dira : c’est moi qui fus :Caïn ?
Homme, sache que Dieu pourrait prendre un cloporte,
Un crapaud, l’acarus que ton ulcère porte,
Et lui donner l’aurore et le septentrion.
Sache que Dieu pourrait choisir un vibrion,
Un ver de terre au fond du sépulcre nocturne,
Et lui dire : — Voilà Sirius et Saturne,
Arcturus, Orion et les pléiades d’or ;
Je te les donne. Prends. Et je te donne encore