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L’être est un hideux tronc qui porte un divin buste.
Mais à la conscience heureux qui s’est fié !
Tout, même ce tronc vil, sera glorifié.

Dieu, l’avertisseur juste, incessamment regarde
La vie, et dans les vents murmure : prenez garde !
Et suit des yeux le choc des bons et des mauvais.
Tout à l’heure, ô vivant terrestre, tu pouvais
Me répondre : Oui, le ciel est gibelin ou guelfe ;
L’astre connaît Isis et Phoebus, Thèbe et Delphe,
Genève et Rome, Œdipe et Sphynx, énigme et mot ;
Le météore prend fait et cause là-haut
Pour ou contre Pompée ou César, pour ou contre
Le pâle Capulet qu’un Montaigu rencontre ;
Car dans toute querelle est un peu d’équité,
Et dans toute lueur un peu de vérité ;
Et si la rose rouge a tort, la rose blanche
A raison. Et cela suffit pour que Dieu penche.
Le nuage, le jour ; la rosée en sueur,
La comète traînant sa sinistre lueur,
Tous les êtres profonds qui passent dans l’abîme,
Sont du parti de ceux qu’on foule et qu’on opprime ;