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Accueilli dans les bois de son grave salut ;
La pierre en son horreur l’eût adoré. La roche,
Morne, se fût sentie émue à son approche ;
Et dans tous les cailloux il eût eu des autels.
Il eût senti sous lui de sombres immortels.
Il eût été le mage. Il eût connu lès causes.
Il aurait sur son front la lumière des choses ;
Il serait l’Homme Esprit. L’aigle eût fraternisé ;
Et, lui montrant le, ciel, le lion eût posé
Sa griffe sur l’épaule auguste du Génie.
Au lieu de le haïr dans leur morne agonie,
Les vivants effrayants d’en bas eussent béni
Ce grand communiant de l’amour infini.
En le voyant, la fosse eût resplendi, pareille
Aux soirs d’été qu’embrase une clarté vermeille ;
La tombe aurait chanté, le spectre aurait souri.
Il eût des inconnus été le favori,
Bien et mai. La loi vient de derrière la vie
Et derrière la mort continue. Homme, envie
Ton chien ; tu ne sais pas ; triste maître hagard,
S’il n’a pas plus d’azur que toi dans le regard.
Tout vit. Création couvre métempsychose.

Le bien-aimé de ceux-qui sont sous, les écorces,
Sous les granits, avec les sèves et les forces,
Et, dans tous ses travaux, sans cesse, à tout moment,
Toute l’obscurité l’eût baisé doucement.
L’ombre immense serait son fauve auxiliaire.
La nature, de l’homme aurait été le lierre,
Et l’aurait, dans les pleurs, dans les chocs, dans les maux,
Dans les deuils, protégé de ses mille rameaux.
Il eût senti, du fond des insondables cuves,
Monter vers lui les vents, les parfums, les effluves,
Les magnétismes purs, les souffles, les aimants,
Et le secours profond des sombres éléments ;
Les fléaux, qui lui font la guerre du désordre,
Fussent venus lécher ses pieds qu’ils viennent mordre ;
Quand sa barque, le soir, se risque hors du port,