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Qu’attends-tu, dis ? Va donc au fond de Dieu ! va vite !
Ah ! souffle du fumier que le parfum évite,
Homme, ombre ! coureur vain de tous les pas perdus !
Marchand des Christs trahis et des Josephs vendus !
Va ! tu sors de la fange, et ta mère malsaine,
C’est la matière infecte et la matière obscène !
Tes sombres légions vermineuses, amas,
Troupeau, tas imbécile adorant des lamas,

Avec ce qu’elles font et ce qu’elles projettent,
Entre la nourriture et l’excrément-végètent !

Mais tu te fais petit ; tu changes d’argument,
Et c’est là, reprends-tu, ta plainte justement
L’homme est un désir vaste en une étreinte étroite,
Un eunuque amoureux, un voyageur qui boîte ;
L’homme n’est rien la terre à chaque heure lui ment ;
La vie est un à-compte au lieu d’être un paiement ;
Tes sages te l’ont dit, et, dans ton humeur noire,
Toi, l’homme, tu n’es pas éloigné de le croire ;
C’est trop peu d’être un homme ; en naissant Dieu devait
Te donner tout l’azur dont la mort te revêt.
Ah ! tu n’es pas déjà content de Dieu toi-même !