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bouges.
Allons ! mire-toi donc un peu dans les peaux-ronges !
Que dis-tu-des Yolofs, barbouillés de roucou,
Attachant des colliers d’oreilles à leur cou,
Et des hurons ornés de stupides balafres ?
Mire-toi dans les noirs, mire-toi dans les cafres,
Dans les Yoways ; trouant leurs nez, peignant leurs peaux,
Empoisonnant leur flèche aux glandes dés crapauds !
Apprends ceci, rayon apprends ceci, pensée
L’ange commence à l’homme et l’homme au chimpanzé ;
L’orang-outan ton frère, est, un homme à tâtons.
Tu peux bien l’accepter, puisque nous t’acceptons !
Mire-toi d’ans tes goûts, dans tes mœurs, dans tes races !
Dans tes amours brutaux dans tes instincts voraces ;
Dans l’auge où nous voyons boire tes appétits !
Ton histoire ! tes lois ! ton bruit ! ton cliquetis !
Te figures-tu pas que tes gestes, tes guerres,
Tes cris, troublent l’azur de leurs fracas vulgaires,
Et que le jour mesure à ton pas son déclin ?
Crois-tu pas que le ciel est guelfe ou gibelin,
Que l’Être est Armagnac ou Bourguignon, que l’astre
Connaît oui, non, Genève et, Rome, York et Lancastre,
Et que le monde pend à ton sacré cheveu ?
Tes princes ? tes sultans ? tes rois ? demande un peu
Ce que de ta grandeur pensent les astronomes.
Parles-en à Newton. Parce que tu te nommes
César ou Henri quatre, et qu’un beau jour Casca
Ou Ravaillac, te prit en traître, s’embusqua
Dans l’ombre, et te coupa la veine cardiaque,
Crois-tu pas déranger l’énorme zodiaque ?