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Et si les astres, pleins de sombres rêveries,
En la voyant pendue à vos écorcheries,
S’en étonneraient plus, dans le gouffre des cieux,
Que de la peau d’un bœuf aux yeux mystérieux,
Ou du cerf au poil roux jaspé de taches blanches
Dont l’œil effaré fait des lueurs dans les branches !
Plus d’un secret étrange entre le monstre et toi
Palpite ; et parfois-l’homme en sent le vague effroi
Il est des êtres noirs au-dessous de la bête,
Qui, miasme, poison, peste, aquilon, tempête,
Ouvrant en bas la gueule, aveugle des fléaux,
Font à tous les vivants la guerre du chaos.
Quoique sa dent te morde et que ton bras l’assomme,
L’animal est ton frère, et la bête avec l’homme
Contre la nature hydre a souvent combattu ;
Elle te communique une obscure vertu,.
Et la peau du lion aidait le grand Hercule.
Ah ! tu te crois plein jour et ris du crépuscule !
La pensée est ton lot ! Dieu n’a rien réussi
Hors toi ! Tu te crois rare et parmi tous choisi,
Parce qu’un vent d’en haut parfois souffle en ta brise,
Et que, de temps en temps, criant : Brahma ! Moïse !
Isis ! ou murmurant : Lamma Sabacthani,
Relayant d’autres sœurs dont le temps est fini,
Une. Religion, dans l’ombre ou la lumière,
Paraît à ton chevet, et, nouvelle infirmière,
Vient charger l’oreiller de ton lit d’hôpital !
Toi providentiel, et le reste fatal !