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Pour le sage, le bon, le juste et l’innocent !
Ne crains pas le progrès dévorant les ténèbres !
Trouvant les idéals par l’effort des algèbres !
Montant, géométrie et poésie, à Dieu !
Ne crains pas le progrès, conquérant de ciel bleu,
Sphynx qui fait vivre, archer de l’éternelle cible,
Montagnard du sublime et de l’inaccessible !
Suis ce monstre splendide, homme ! car il est beau
De toutes es laideurs qu’on nomme Mirabeau,
Socrate, Camons, Cromwell, Tyrtée, Ésope ;
Et, faisant le niveau du cèdre et de l’hysope ;
Il apparaît, mêlé d’Homère, de Newton,
Et de Moïse, avec la face de Danton,
Et monte aux cieux portant la tête échevelée
De la nuit sombre au bout de sa pique étoilée !
C’est bien.


L’ange songeait, pareil au lys qui penche.
Il semblait ne vouloir voir que son aile blanche ;
On eût dit qu’il chantait et priait tour à tour,
Et qu’il assoupissait et noyait dans le jour,
Ne se sentant plus vivre et palpiter qu’à peine ;
Ses yeux demi fermés pleins de fierté sereine :
Mais l’autre aile tremblait sur son dos frémissant
Comme pour réveiller le grand esprit absent ;
Il rouvrit par degrés ses yeux brillants de gloire,
Et reprit, regardant malgré lui l’aile noire :