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L’ESPRIT HUMAIN.
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La raison. — J’étais là, pensif, troublé, muet.
Pendant que j’écoutais, l’être continuait :

— Homme, à nous le mystère est ouvert. Nous en sommes.
Pour l’abîme, je suis un spectre ; pour vous, hommes,
Je suis la voix qui dit : Allez, mais sachez où.
J’erre près du néant le long du garde-fou.
J’avertis. —

J’avertis. — Il reprit :

J’avertis. — Il reprit : Écoute, esprit qui trembles
Et qui ne peux pas même entrevoir les ensembles :

Hommes, vous m’ignorez, mais je vous connais tous ;
Et je suis encor vous, même en dehors de vous.

Entre les brutes, foule, et les anges, élite,
Il est, sur chaque terre et chaque satellite,
Un être à part, pensée et chair, matière, esprit,
Page mixte du livre où la nature écrit,
Dernier feuillet du Monstre et premier du Génie !
Créature où la fange et l’or font l’harmonie ;
Dans la bête à moitié, dans l’idée à demi,