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Le progrès, effrayant à force de clarté,
A, quand il vient broyer le faux, l’abject, l’horrible,
Des apparitions de crinière terrible :
Sa promesse menace ; et pour tout ce qui doit
Tomber, mourir, finir dans le jour qui s’accroît,
Faux dieux, faux prêtres, mage impur, juge vendable,
Son rire est le rictus de l’aube formidable.
Depuis Adam, depuis Noé, de temps en temps,
Le progrès, qui poursuit ses vaincus haletants,
Qui veut qu’on soit, qu’on marche et qu’on creuse et qu’on taille,
Pousse ses légions d’azur dans la bataille,
Ses penseurs constellés, éthérés, spacieux,
Tous ses olympiens vêtus d’un pan des cieux ;
Euler le sidéral ; le splendide Épicure,
Et, comme les chouans dans la Vendée obscure,
Les hommes du passé, lourds, troublés, nébuleux,
Disent en les voyant : fuyons ! voici les bleus !
Et ces hommes divins, et ces hommes solaires
Font marcher leurs bienfaits aux pas de leurs colères.
Le bien saisit le mal et l’écrase à son tour.
Accepte l’incendie invincible du jour,
Homme ! va ! jette-toi dans ces gueules ouvertes
Qu’on nomme inventions, nouveautés, découvertes !
L’esprit humain, chercheur de Dieu, voit par moments
Les rayons s’irriter comme des flamboiements
Quand, poussant devant lui la foule coutumière,
Il va de l’hydre d’ombre à l’hydre de lumière !
N’importe ! ne crains pas le progrès rugissant