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Va ! monte ! à chaque étape une larve surgit ;
C’est l’avenir debout dans sa figure étrange
L’avenir semble spectre avant d’apparaître-ange.
Marche ! Qui veut aller à lui doit être prêt,
À tous les grands combats ; l’homme se tromperait
S’il croyait qu’on obtient Dieu sans ; peine, et qu’on pousse
L’enfer dans le-tombeau sans lutte et ; sans secousse.
L’enfantement du mieux a ses convulsions.
Tout dans les cieux se fait par révolutions.
Qu’est-ce que-le progrès ? un lumineux désastre,
Tombant comme la bombe et restant comme l’astre.
L’avenir vient avec, le souffle d un grand vent.
Il chasse rudement les peuples en avant ;
Il fait sous les gibets des tremblements de terre ;
Il creuse brusquement sous l’erreur qu’il fait taire,
Sous tout ce qui fut lâche, atroce, vil, petit,
Des ouvertures d’ombre où le mal s’engloutit.
Va, lutte, Esprit de l’homme ! il ne faut pas qu’on aille
S’imaginer le bien de facile trouvaille.
Le bien étonne ; et l’âme a peur en le créant ;
Il a la majesté suspecte du géant
Quand, écumant, avec une rumeur confuse,
Il sort, lion de l’antre, ou vague de l’écluse.
Oui, le, bien est une eau qui monte dans la nuit ;
Il monte, il est torrent du passé qu’il détruit,
Il est le châtiment ; il vient ; pas de refuge ;
Il monte, il est marée ; il monte, il est déluge !
Sombre inondation de bonheur ! ô terreur,
Dit l’homme ! Et le génie, indomptable éclaireur,
Crie : Ô joie ! — Allons, marche, esprit de l’homme ! avance.
Accepte des fléaux l’énorme connivence !
Marche ! Oui, souvent, douteux pour qui l’a souhaité,