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À grands coups de science, à grands coups de cognée,
Les vivants ont raison, dans leur obscurité,
D’ébaucher la statue immense Vérité.
L’homme est le noir sculpteur, le mystère est le marbre.
Faites. Ève a raison de se dresser vers l’arbre ;
Prométhée a raison, Galilée a raison ;
Colomb, qui cueille un monde au fond de l’horizon,
Fait bien ; Dante envahit la nuit cercle par cercle ;
Spinosa du néant lève l’affreux couvercle ;
Fulton dompte la mer que Xercès révolta ;
Galvani forge et mêle, à côté de Volta,
Les fluides, force, âme, aimants, métaux, mercures ;
Mesmer tressaillant touche aux frontières obscures ;
C’est ton droit, homme. Eschyle et Shakespeare ont raison,
Ô terre, d’étoiler ton plafond de prison.
Roemer arrête au vol la lumière ravie ;
Gutenberg fait du jour, de l’amour, de la vie
Avec le plomb fondu du vieux supplice humain ;
Pythagore soumet l’ombre a son examen ;
Papin attelle à l’homme, à la terre charmée,
À l’âme ; au char de feu, le noir cheval fumée ;
Halley de la comète est l’éclatant héraut ;
Leibniz offre à l’esprit l’évasion d’en haut,
Et, tressant le calcul, la pensée et l’étude,
Jette dans l’infini l’échelle de Latude ;
Harvey dit : le sang coule, et l’homme vit ! Képler
Prend dans les cieux l’étoile, et Franklin prend l’éclair ;
Jackson ôte l’angoisse à la chair qu’il mutile ;
Ils sont tous dans le vrai, dans le beau, dans l’utile.