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L’homme, atome éperdu, sanglant, épouvanté,
Aux quatre vents de l’ombre et de l’immensité !
Chassez ce songe, vous, fantômes, qui le faites !
Quoi ! ces mondes créés dans des robes de fêtes,
Quoi ! la vie et le jour, l’éther, le firmament,
L’azur, l’océan perle et l’astre diamant, :
Cette resplendissante et profonde nature,
Ne seraient qu’une chambre énorme de torture !

Et dans les vastes cieux la constellation,
Du gouffre émerveillé sublime vision,
Mêlant l’étoile bleue et blanche au soleil rouge,
Éclatante, serait la chandelle du bouge !
Que quelqu’un ait rêvé cela, c’est mon ennui.

Et, comme les damnés, hier, demain, aujourd’hui,
Toujours, brûlent au feu qui ne doit pas s’éteindre ;
Et, comme ce serait blâmer. Dieu que les plaindre ;
Ce serait supposer qu’il peut être meilleur ;
En outre, comme, étant larme, angoisse et douleur,
La pitié ferait tache au paradis ; et, comme
Dieu ne doit rien cacher de sa justice a l’homme,
À l’âme, à l’ange, aux saints, et que l’éternel feu,
L’enfer, est un côté de la vertu de Dieu ;
Comme, alors, les élus devant voir la géhenne,
Il faut qu’elle les charme, et que pour eux la peine
Se résolve en bonheur, et qu’avec son tourment
L’enfer soit pour le »ciel un assaisonnement,
Et que l’ange se plaise au sanglot qui s’élève ;
Le paradis n’est plus qu’un balcon de la Grève,
Où l’on