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Immense, déployant sur mon front qui rêvait,
Deux ailes, l’une blanche et l’autre noire, avait
L’œil fixe, et sur son front le jour semblait éclore ;
Et l’aile blanche allait se fondre dans l’aurore,
Et l’aile noire allait se perdre dans la nuit.

Dans ce ciel où mon vol profond m’avait conduit,
Mer où notre ciel noir semblait une presqu’île,
L’ange apparaissait fier, heureux, puissant, tranquille ;

Si la nuit descendait et si le jour montait,
Il ne le savait pas ; on eût dit qu’il était
À jamais immobile ; ayant trouvé la sphère
Où l’extase n’a plus de mouvement à faire,
Et qu’il était créé, lui l’être grand et pur,
Pour ne rien regarder qui ne fût pas l’azur ;
Il se tenait debout sans baisser la prunelle,
Comme s’il ne voyait qu’une chose éternelle.

Et, sentant que vers lui d’en bas quelqu’un venait,
— Qu’es-tu ? dit l’ange, beau comme l’astre qui naît,
Et sans tourner vers moi ses yeux ni sa figure ;
Et je lui dis : — Ô front voisin de l’aube pure,
Je suis l’être à qui plaît la tombe dans l’exil.
L’ange me regarda. — Demeure, me dit-il.