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i voit ;
Il connaît l’avenir auquel tout homme a droit,
L’Éden soleil, l’abîme et ses chambres funèbres.
Ceux qui marchent sans lui s’en vont dans les ténèbres.
Il ordonne à la nuit d’envelopper le jour.
Il met la mort, archer, au créneau de la tour.
Les cèdres du Liban, pareils à de vieux prêtres,
Parlent de lui tout bas ; l’ombre de tous les êtres
S’incline devant lui les matins et les soirs.
Les vierges à ses pieds, dans de purs encensoirs,
Font brûler un parfum composé des prières
De tous ceux que le monde appelle ses lumières,
De tous les saints qui sont sur terre et dans le ciel ;
Cette blanche fumée enveloppe l’autel,
Et l’Incréé, caché sous des voiles de flammes,
Se penche, respirant la douce odeur des âmes.
Les colonnes des cieux s’étonnent devant lui ;
Ces hauts piliers, chargés de ce dôme inouï,
Frissonnent éperdus à son souffle, et ressemblent
À leur propre reflet dans des ondes qui tremblent.
Ô Dieu ! roi ! père ! asile ! espoir du criminel !
Éternel laboureur ! moissonneur éternel !
Maître à la première heure et juge à la dernière !
C’est lui qui fit le monde avec de la lumière !
Le firmament est clair de sa sérénité.
Par moments, dans l’azur splendide et redouté,
Ô mystère ! il se fait des silences d’une heure ;
Personne en haut ne chante et nul en bas ne pleure ;
L’ange abaisse, pensif, son clairon éclatant ;