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À l’enfer qui, voyant ce que les hommes font,
Tord les chaînes sans fin dans les gouffres sans fond.
Qui que fil sois, esquif, tourne vers Dieu ta proue.
Le châtiment sans terme et sans espoir écroue,
Sous les éternités plus lourdes que les monts,
Les démons seuls et ceux qui deviennent démons.
Pour que la peine tombe immuable et tardive,
Il faut du dernier cri l’horrible récidive ;
Dans l’éternité sombre, Achab, Caligula,
Borgia qu’entre tous la tiare étoila,
Philippe deux, Timour, Phalaris, Louis onze,
Néron, sont au carcan sur des trônes de bronze.

Pourquoi ? parce qu’ils ont dit non ! au grand moment,
Que leur âme est sortie en un vomissement !
L’homme n’a qu’à pleurer pour retrouver son père.
Le malheur lui dit : crois. La mort lui crie : espère !
Qu’il se repente, il tient la clef d’un sort meilleur.
Dieu lui remplace, après l’épreuve et la douleur,
Le paradis des fleurs par l’éden des étoiles.
Ève, à ta nudité Marie offre ses voiles ;
L’ange au glaive de feu rappelle Adam proscrit ;
L’âme arrive portant la croix de Jésus-Christ ;
L’éternel pres de lui fait asseoir l’immortelle.
Aigle, la sainteté de l’âme humaine est telle