Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/173

Cette page n’a pas encore été corrigée

Et c’est là le seul piège où l’on tombe toujours.
La langue des muets et l’oreille des sourds,
C’est le pardon : La grâce aide clin s’abandonne.
C’est ce qui manque à tous et ce qu’à, tous Dieu donne.
Père, il sourit aux fils clin lui, Montrent le poing.
Dieu serait le puni s’il ne pardonnait point :
Son ciel est un regard clément. Toutes les grâces
Qu’il fait à chaque instant, s’envolent, jamais lasses,
Se dispersent au loin dans tous les univers,
Et, du faible au méchant, du farouche au pervers,
Errent, abeilles d’or, et butinent les âmes,
Puis reviennent, mêlant baumes, encens, dictames,
Rapportant les parfums extraits des cœurs maudits,
Emplir du miel pardon la ruche paradis.
Clémence ! mot formé de toutes les étoiles !
Dieu ! ciel de tous les yeux ! port de toutes les voiles !
Jamais, brume ou tempête, et quel que soit le vent,
L’asile n’est fermé tant que l’homme est vivant ;
Toute lèvre est reçue au céleste ciboire ; .
Le sang du sauveur coule et toute âme y peut boire ;
Si ténébreux que soit l’homme qui va partir,
À l’heure de la mort un cri de repentir,
Un appel de la foi que le tombeau recrée,
Un regard attendri vers la lueur sacrée,
Vers ce qu’on insultait et ce qu’on dénigrait,
Un sanglot, moins encore, un soupir, un regret
De l’âme détestant sa tache originelle,
Suffit pour qu’elle échappe à la peine éternelle,