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Daphné ; toi, guettant l’œuf que la chouette pond,
Albunée, et brûlant une torche de cire ;
Toi, celle de Phrygie, épouvante d’Ancyre,
Parlant à l’astre et, pâle, écoutant s’il répond ;
Celle d’Imbrasia ; celle de l’Hellespont
Qui se dresse déesse et qui retombe hyène ;
Toi, Tiburtine ; et toi, la rauque Libyenne,
Criant : Treize ! essayant la loi du nombre impair ;
Toi dont le regard fixe inquiétait Vesper,
Larve d’Endor ; et toi, les dents blanches d’écume,
Les deux seins nus, ô folle effrayante de Cume ;
Chaldéenne, filant un invisible fil ;
Sardique a l’œil de chèvre, au tragique profil ;
Toi, maigre et toute nue au soleil, Érythrée,
D’azur et de lumière et d’horreur pénétrée ;
Toi, Persique, habitant un sépulcre détruit,
      face à qui parlaient les passants de la nuit
Et les échevelés qui se penchent dans l’ombre
Toi, mangeant du cresson dans ta fontaine sombre,
Delphique ; âpres esprits, toutes, vous eûtes beau
Hurler, frapper le vent, remuer le tombeau,

Rouler vos fauves yeux dans la profondeur noire,
Nulle de vous n’a vu clairement dans sa gloire
Ce grand Dieu du pardon sur la terre levé.
Sainte-Thérèse, avec un soupir, l’a trouvé.


Le pardon est plus grand que Caïn, et le couvre.
La clémence de Dieu de tous les côtés s’ouvre,