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qui bénit Judas et Barabbas !
Qui verse à flots la sève et l’espérance en bas,

Croix, à tous les esprits, arbre, à toutes les plantes !
Sublime embrassement des grandes mains sanglantes !
Œil mourant de Jésus dont l’éternité luit !
       pardon ! ô pitié de l’azur pour la nuit !
Paix céleste qui sort de toutes les clémences !
       mont mystérieux des oliviers immenses !
Après le créateur, le sauveur s’est montré..
Le sauveur a veillé pour tous les yeux, pleuré
Pour tous les pleurs, saigné pour toutes les blessures.
Les routes des vivants, hélas ! ne sont pas sûres,
Mais Christ, sur le poteau du fatal carrefour,
Montre d’un bras la nuit et de l’autre le jour !

Après lui sont venus les apôtres, ces têtes
Flamboyantes ; les saints ; martyrs jetés aux bêtes,
Vierges louant Jésus dans le noir tombereau,
Femmes grosses chantant pendant que le bourreau,
Effroyable, arrachait leurs enfants de leurs ventres,
Et les pères des bois et les docteurs des antres,
Et les voix des déserts et des cloîtres, criant
À l’homme en sa nuit froide : Orient ! Orient !


Oh ! vous l’avez cherché sans l’entrevoir, sibylles,
Ce Dieu mystérieux des azurs immobiles !
Filles des visions, toi, sous l’arche d’un pont,