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Souvent, la, pureté des firmaments s’indigne ;
Souvent l’astre aux yeux d’aigle et l’ange au vol de cygne
S’étonnent de cette ombre et de cette noirceur ;
Dieu, voyant l’homme fourbe, implacable, oppresseur,
Est triste ; et quand, sortant de la nuit, la Colère
Apparaît, face sombre et que la foudre éclaire,
Rappelant au Seigneur ce que l’homme lui doit,
Prête à maudire, il met sur cette bouche un doigt.
Ce doigt mystérieux-et doux, c’est la clémence.

Le pardon dit tout bas à l’homme : recommence !
Redeviens pur. Remonte à ta source. Essayons
Rentre au creuset : Ton Dieu t’offre dans les rayons, :
Pour refaire ton âme obscurcie et difforme,
Le cercueil, ce berceau de la naissance énorme.

Clémence, c’est le fond de Dieu. Dieu boit le fiel.
Dieu ne vengé pas Dieu devant l’azur-du ciel.
Il ne revomit rien sur l’homme. Secourable,
Tendre, il chasse du pied le mal, ce misérable :
Dieu, que l’homme coupable appelait, s’est penché,
Et, voyant l’univers sanglant ; mort, desséché ;
Et, songeant, pour lui-même et pour lui seul sévère,
Que pour sauver un monde il suffit d’un calvaire,
Il a dit : Va, mon fils ! Et son fils est allé.

Rédemption ! mystère ! Ô grand Christ étoilé !
Soif du crucifié, d’amertume assouvie !
Linceul dont tous les-plis font tomber de la vie !
Ô gibet