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Sous tous les pas de l’homme, orgueil, science, instinct,
Sous tout être qui marche, ou chancelle, ou trébuche,
L’enfer éternel guette et s’ouvre, vaste embûche.

Noir sillon composé de tous les vils limons,
Qui reçoit des esprits et qui rend des démons,
Qui produit des moissons de spectres, et des gerbes
De monstres flamboyants, lugubres et superbes,
D’où sort tout ce qui tue, où croît tout ce qui ment,
Et qui tressaille, ému d’un long frémissement,
Chaque fois qu’il entend l’affreux-cri de la chute,
Chaque fois qu’en sa nuit descend, essaim qui lutte,
Quelque tourbillon sombre et triste où l’âme luit,
Et qu’il voit au-dessus de lui, noire et-sans bruit,
S’ouvrir l’immense main de-son semeur sinistre !
Mais le livre de vie est là, divin registre,
L’homme, c’est l’âme ; l’homme est l’hôte d’un rayon,
Et la matière seule est la damnation.
Dieu pense, et la douleur lentement le désarme.
Dieu s’appelle pardon, l’homme se nomme larme ;
Dieu créa la pitié le : jour où l’homme est né.
Devant lés actions de l’homme infortuné