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Que l’aigle d’en bas dorme !
Je veille : Dieu plus haut que l’aigle m’emporta.
Tu viens du Sinaï, je viens du Golgotha ;
Aigle, la foudre emplit ton oe il visionnaire
Moi, j’ai vu le gibet plus grand que le tonnerre !
Quand les bourreaux dressaient la croix, j’étais dessus ;
J’ai frissonné sur l’arbre où l’on cloua Jésus ;
J’ai vu cette agonie immense et solennelle ;
Marc a pris pour l’écrire une plume à mon aile ;
J’ai regardé Jésus saigner et s’assoupir ;
Je sais tout ; je suis plein de son dernier soupir.
Je sème sa parole au souffle de la bise.
Aigle, Christ en sait plus que Moïse, Moïse
N’ayant que les rayons, et Christ ayant les clous.
Non, Dieu n’est pas vengeur ! non, Dieu n’est pas jaloux !
Non, Dieu ne s’endort pas, portant toute la voûte !
Non, l’homme ne meurt pas tout entier.

Aigle, écoute :