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Donc il fit tout, ce Dieu ! les cieux, les monts, les bêtes,
Tout, même votre bruit et l’ombre que vous faites ;
Donc il ouvrit la main, le semeur éternel,
Et sema dans l’espace à tous les vents du ciel
Les étoiles, poussière ardente, cendre ignée,
Tout ce que vous voyez la nuit ; cette poignée
De graines d’or, jetée au sillon de clarté,
Tombe dans l’infini pendant l’éternité.

Parfois, quand Dieu regarde, il a honte de l’homme ;
Et les tigres des bois et les césars de Rome,
Les rois portant au front Mané Thécel Pharès,
Réverbèrent, parmi les vivants effarés,
Le vague flamboiement de sa colère, immense.

Hommes, sachez ceci, spectres pleins de démence
Il est, quand il lui plaît, le Dieu farouche. Il met
La marque de sa foudre à tout hautain sommet ;
Lorsqu’il s’éveille, il est terrible ; il frappe, il venge.
Il souffle sur la endre, il crache sur la fange ;