Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’aigle reprit

— Moïse était seul sous la nue ;
Au fond resplendissait une face inconnue,
Et moi, je regardai ; la face, c’était Dieu.
Je l’ai vu !.Je l’annonce à vous qui vivez peu,
J’ai vu l’effrayant Dieu de l’éternité sombre !
Dieu ! dernier jour du temps ! dernier chiffre du nombre !
Voici ce que l’esprit apprend sur la hauteur :
Avant la créature était le créateur ;
Le temps sans fin était avant le temps qui passe ;
Avant le monde immense était l’immense, espace ;
Avant tout ce qui parle était ce qui se tait ;
Avant tout ce qui vit le possible existait ;
L’infini sans figure au fond de tout séjourne.
Au-dessus du ciel bleu qui remue et qui tourne,
Où les chars des soleils vont, viennent et s’en vont,
Est le ciel immobile, éternel et profond.
Là, vit Dieu.