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Comment il est ! comment il rampe ! il nage ainsi !
As-tu lu seulement ce qu’en dit Job ? Non, certes !
Écoute alors :

«, Son corps, couvert de lames vertes,
Semble un mouvant amas de boucliers d’airain.
Son sommeil fait le bruit d’un torrent souterrain.
Quand il a soif, sa gueule, ouverte, vaste, horrible,
Boit tout un fleuve avec un aboiement terrible. »

Voilà ce que dit Job, c’est effroyable, eh bien,
Moi qui l’ai vu je dis : ce que dit Job n’est rien.


Léviathan ! Des poils, des crêtes, des mâchoires ;
Ailes qui sont des bras, pieds qui, sont des nageoires,
Des griffes qu’on prendrait pour des herbes, des nœuds,
Mille antennes qui font un branchage épineux,
Un nombril vert ; pareil à là mer qui se creuse,
C’est l’ombre faite monstre, et qui vit ; chose affreuse !
Je ne sais quoi de noir et de prodigieux
Qui mord avec-des dents, qui voit avec des yeux !
La façon dont il met ses pieds l’un devant l’autre
Est horrible ; le flot rugit quand, il s’y vautre ;
Ainsi qu’un vase au feu sur son front la mer bout ;
Il sème en se traînant ses écailles partout
Comme un cygne sa plume au moment de la mue
La foudre tomberait sur lui sans qu’il remue.
Il est l’horreur ; il est l’hydre dont tout frémit ;
Et quand. Léviathan crache, Satan vomit.