Page:Dieu, par Victor Hugo, 1891.djvu/155

Cette page n’a pas encore été corrigée

Un des grands mécontents de l’immensité noire ?
Trouves-tu que les cieux sacrés vont de travers ?
Peut-être étais-tu là quand Dieu fit l’univers ?.
Et sans doute, en ce cas, ta peine fut cruelle
De voir que ce maçon n’avait pas de truelle,
Et qu’il bâtissait l’ombre et l’azur et le ciel,
Et l’être universel et l’être partiel,
Et l’étendue où fuit le pâle météore,
Qu’il bâtissait le temps, qu’il bâtissait l’aurore,
Qu’il bâtissait le jour que l’aube épanouit,
Les vastes firmaments bleus jusque dans la nuit,
Et les dômes profonds où vole la tempête,
Sans monter à l’échelle, une auge sur la tête !
Es-tu quelque être à qui la clarté dit : Va-t-en !
Sorti du grand flanc sombre et triste de Satan ?
Non ! tu n’es qu’un passant frêle et vain. Je convie
Ton esprit à songer que Dieu seul est la vie ;
Tout le reste est la mort ; et je l’affirme en toi
À l’homme, ce buveur de la coupe d’effroi,
Ce pâle choisisseur de redoutables routes,
Cet aveugle qui guette : et ce sourd aux écoutes !
Viens-tu braver ce Dieu que l’ombre a combattu ?

Allons, parle, as-tu vu Léviathan ? L’as-tu
Surpris dans l’antre où-l’eau, baigne les granits chauves,
Ou dans quelque forêt pleine de-lueurs fauves ?
Peux-tu dire : j’ai vu Léviathan ! voici