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M’aperçut ; fauve, il dit :

— Quel est ce ver de terre ?
De quel droit voles-tu dans l’ombre où tu rampas ?
Est-e toi qui disais tout à l’heure : il n’est pas ?
Si c’est toi

Je n’osais parler

Si c’est toi, sache
Qu’il se montre surtout dans tout ce qui le cache.
Qu’es-tu ? Réponds. Sais-tu le but, l’objet, la loi ?
Sais-tu pourquoi le taon mord la vache, pourquoi
L’oiseau mange la mouche et le ver le concombre ?
Dis ? où sont les poumons du vent ? Connais-tu l’ombre ?

Es-tu dans le secret ? Et, quand il a tonné,
Sais-tu ce qu’on a dit ? As-tu questionné
Les flots, quand vers l’écueil que bat leur inclémence
Ils viennent, commentant dans leur rumeur immense
Les actes inconnus de l’onde et de la nuit ?
L’univers est un texte obscur ; l’as-tu traduit ?
Qu’est-ce que nous voulaient les aurores enfuies ?
Pourquoi le larmoiement formidable des pluies ?
Comment l’arbre tient-il dans le pépin du fruit ?
As-tu questionné le Gibel et son bruit,
L’Atlas et son simoun, l’Alpe et son avalanche ?
Connais-tu la Jungfrau, la grande vierge blanche ?
T’a-t-elle dit le fond de la virginité ?
As-tu rempli ta cruche au puits éternité,
Et ta stupidité puise-t-elle à l’abîme ?
Parle. Ton