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Tout est mort maintenant ; et, dans l’ombre inflexible,
Sous le rayonnement des boucliers divins,
Les efforts des géants et des hommes sort vains.

Toutefois, tant qu’il reste un peu d’air ; l’oiseau vole.
Orphée en me quittant m’a dit cette parole :

« Être ailé ; l’aile est bonne et sainte. Souviens-toi
Qu’espérer est la force et qu’atteindre est la loi.
« L’obstacle est là ? passants ; il attend qu’on le brise.
« Ce qu’a fait Prométhée est fait ; la flamme est prise ;
« Elle est sur terre ; elle est quelque part ; l’homme peut
« La retrouver ; grandir ; vivre, exister, s’il veut !
« S’il sait penser, gravir, creuser ; saisir, étreindre,
« S’il ne laisse jamais le saint flambeau s’éteindre,

« S’il se souvient qu’il peut, puisque l’idée a lui,
« Allumer quelque chose en lui de plus que lui,
« Qu’il doit lutter, que l’aube est une délivrance,
« Et qu’avoir le flambeau, c’est avoir l’espérance ;
« Car deux sacrés rayons composent la clarté,
« Et l’un est la puissance, et l’autre est la beauté. »