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Une doctrine vient criant : qu’est-ce que c’est ?
Et passe en redisant ce que l’autre disait.
Tous répètent — Pourquoi ? pourquoi ? — Nul ne devine
L’obscur secret de l’ombre infernale et divine.
— Comment sortir ? comment entrer ? Vouloir, savoir,
Ouvrent-ils les verrous de ce dédale noir ?
Essayons de la mort ! Essayons de la vie !
La volonté se sent par le destin suivie.
Si nous redescendions ou si nous remontions ?
Quelle est l’issue, ô nuit ? — Toutes les questions
Ont des portes d’énigme et des yeux de fantôme ;
Et, tristes, et courbés sous le ténébreux dôme,
Les songeurs frissonnants cherchent les sombres clefs
Dans la sereine horreur des gouffres étoilés.
Et chacun d’eux, penché sur l’ombre où tout s’achève,
Jette à qui passera ces noirs conseils du rêve :
— La prière est sans but. L’être est un fait hagard.
Ne te mets pas en frais d’amour pour le hasard.

Chante ou maudis. Qu’importe au destin que tu l’aimes ?
Les pas du genre humain sont-bordés de problèmes.
La vie est l’avenue effrayante des sphinx.
L’orgueil et-la science, yeux de paon, yeux de lynx,
Aboutissent au même avortement ; et l’homme.
Tremble, et sent des démons dans tous les dieux qu’il nomme.