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Ce qu’épargnent les dieux fatigués, l’amour traître.
Le ressaisit ; tout saigne et tout souffre, sans être.
Le penseur voit, au-bord des noirs destins venu,
Se prolonger sans fin dans le gouffre inconnu,.
Cette agitation des vagues de ténèbres.
Où sont les grands, les forts, les puissants, les célèbres ?
Ils sont où la fumée est allée, où les bois
Ont envoyé les bruits, les souffles et les voix ;
Et le sourd néant dit : ce n’était pas la peine.
Et maintenant, Platon,. Socrate, Callysthène,
Diogène, Zénon, Démocrite, Archytas,
Thalès, Cratès, Pyrrhon, Anaxagore, ô tas
De sages, répondez : qu’est-ce que la sagesse ?
Veille ou dors, viens ou fuis, nie ou crois, prends ou laisse.
Sois immonde ou sois pur sois bon ou sois pervers ;
Insulte l’aube, ou ris sous les feuillages verts ;
Montre-toi, cache-toi ; va-t-en,demeure, oscille ;
Ignore, ou bien apprends ; pense, ou sois imbécile.
Science humaine ! essai de regard ! louche effort
Pour faire un trou de flamme au mur brumeux du sort !
Imprécation sombre et pleine d’anathèmes !
Esprit humain ! rumeur ! passage de systèmes !
Place publique où vont et viennent, dans le soir,
Les projets de penser que l’homme peut avoir !
Le monde est une meule à broyer, la pensée.
Après une science épuisée et lassée,