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Et Tout, c’est toi, Substance !

Oui, l’ombre où Pythagore
Voit passer le triton, la nymphe et l’égrégore ;
La Syrène, la nuit, quand brille le halo,
Ouvrant son chant dans l’air, ses nageoires dans l’eau,
C’est toi ; c’est toi, Téthys, la femme aux mains palmées ;
Ces dieux, c’est toi ; c’est toi, ces monstres ; ces pygmées
Et ces géants, c’est toi ; tous ces masques béants,
Corybantes hurlant les cyniques paeans,
Stryges, psylles, c’est toi ; c’est toi, ces myriades
De méduses, d’éons, de faunes, de dryades ;
C’est toi, cette stupeur, c’est toi, ce mouvement,
Matière ! bloc inerte et noir fourmillement !

Et, devant ce chaos, toute philosophie
Pousse un cri, puis se tait, rêve et se pétrifie.
Quant à l’homme, qu’est-il ? Rien. Et je te l’ai dit.
Fait d’un peu de limon que Jupiter perdit,
N’ayant, sous l’affreux ciel d’où tombe la sentence,
Ni loi, ni liberté, ni droit, ni résistance,
Il n’est que le hochet des monstres.

Nu, fatal,
L’homme commet le crime et les dieux font le mal,
L’homme, face au vil souffle et bouche aux plaintes vaines,
Sent en lui, dans ses os, dans ses nerfs, dans ses veines,