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ASCENSION DANS LES TÉNÈBRES.


J’étais déjà très haut dans la nuée obscure.

Et je vis apparaître une étrange figure ;
Un être tout semé de bouches, d’ailes, d’yeux,
Vivant, presque lugubre et presque radieux ;
Vaste, il volait ; plusieurs des ailes étaient chauves.
En s’agitant, les cils de ses prunelles fauves
Jetaient plus de rumeur qu’une troupe d’oiseaux,
Et ses plumes faisaient un bruit de grandes eaux.
Cauchemar de la chair ou vision d’apôtre,
Selon qu’il se montrait d’une face ou de l’autre,
Il semblait une bête ou semblait un esprit.
Il paraissait, dans l’air où mon vol le surprit,
Faire de la lumière et faire des ténèbres.

Calme, il me regardait dans les brouillards funèbres.

Et je sentais en lui quelque chose d’humain.

Qu’es-tu donc, toi qui viens me barrer le chemin,
Être obscur, frissonnant au souffle de ces brumes ?
Lui dis-je.

Lui dis-je. Il répondit :
Lui dis-je. Il répondit : — Je suis une des plumes