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Les deux principes dieux, ébranlant son cachot,
Et leurs trépignements sur sa morne demeure.
Le méchant veut qu’il vive et le bon veut qu’il meure.

Ainsi luttent, hélas !’ces deux égaux puissants ;
L’un, roi de l’esprit ; l’autre, empoisonneur des sens ;
Les choses à leur souffle expirent ou végètent.
Rien n’est au-dessus d’eux. Ils sont seuls. Ils se jettent
L’hiver et le printemps, l’éclair et le rayon ;
Ils sont l’effrayant duel de la création.
Tout est leur guerre ; sont dans la flamme, dans l’onde,
Dans la terre où les monts fument, dans l’air qui gronde ;
Leurs chocs font tressaillir les firmaments, et font
Trembler les soleils d’or à ce sombre plafond ;
Et le nid, dans la mousse, est leur champ de bataille.
L’abîme est entr’ouvert quand Arimane bâille ;
Alors l’essaim hagard des hydres se répand.
Les deux colosses, l’un planant, l’autre rampant,
S’étreignent. Où l’on voit deux cœurs qui se haïssent,
Deux dragons qui la nuit l’un vers l’autre se glissent,
Deux forces s’attaquant à grand bruit, deux guerriers
Combattant, deux poignards dont les coups meurtriers
Se croisent, et parfois deux bouches qui se baisent,
Ce sont eux. Noirs assauts qu’aucuns repos n’apaisent !