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Sous l’univers, hagard, lié d’un triple nœud,
Un être, qui ne sait s’il existe, se meut ;
C’est l’idiot ; le sombre enchaîné de la cave,
Chaos, s’il est permis de nommer cet esclave.
Stupide, il rêve là, connu des spectres seuls,
Caché sous tous les plis que font tous les linceuls,

Ébauche par en haut et par en bas décombre,
Mendiant sourdement un peu de jour dans l’ombre,
Sanglotant au hasard, formidable pleureur,
Il tord ses deux moignons, ignorance et terreur ;
Et la pluie éternelle et lugubre l’inonde.
Il rampe dans un trou ; fondrière du monde ;
Sans yeux, sans pieds, sans voix, mordant et dévoré,
Se heurtant aux parois des gouffres, effaré
D’éclairs pleuvant sur comme sur une cible,
Espèce d’affreux tronc ayant pour gaine horrible
La coque de l’œuf :noir d’où l’univers sortit
Son crâne sous le poids du néant s’aplatit ;
Et l’on voit vaguement tâtonner dans l’informe,
Au fond de l’infini, ce cul-de-jatte énorme.
Il n’entend même pas le bruit que font en haut