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La vaste impunité du forfait éternel.
Il se penche effrayant sur les dormeurs qui rêvent ;
C’est vers lui qu’à travers l’obscurité s’élèvent
L’hymne d’amour du monstre et le feu du bûcher,
Les langues des serpents cherchant à le lécher,
Tous les dos caressants des bêtes qu’il anime,
Et les miaulements énormes de l’abîme.
Il pousse tous les cris de guerre des humains ;
Dans leurs combats hideux c’est lui qui bat des mains,
Et qui, lâchant la mort sur les têtes frappées,
Attache cette foudre à l’éclair des épées.
Il marche environné de la meute des maux ;
Il heurte aux rochers l’onde et l’homme aux animaux.
Chaque nuit il est près de triompher ; il noie
Les cieux ; il tend la main, il va saisir la proie,
Le monde ; l’océan frémit, le gouffre bout,
Ses dents claquent de joie, il grince, et tout à coup,
À l’heure où les parsis, les mages et les guèbres
Entendent ce bandit rire dans les ténèbres,
Voilà que de l’abîme un rayon blanc jaillit,
Et que, sur le malade expirant dans son lit,
Sur les mères tordant leurs mains désespérées,
Sur le râle éperdu des lugubres marées,
Sur le juste au tombeau, sur l’esclave au carcan,
Sur l’écueil, sur le bois profond, sur le volcan,
Sur tout cet univers que l’ombre veut proscrire,
L’aurore épanouit son immense soutire !