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Je volai, dans la brume et dans le vent qui pleure,
Vers l’abîme d’en haut, obscur comme un tombeau ;
J’approchai de la mouche, et c’était un corbeau.
Et ce corbeau disait : ils sont deux ! Zoroastre.
L’un est l’esprit de vie, au vol d’aigle, aux yeux d’astre,
Qui rayonne, crée, aime, illumine, construit ;
Et l’autre est l’araignée énorme de la nuit.
Ils sont-deux ; l’un est l’hymne et l’autre est la huée.
Ils sont deux ; le linceul et l’être, la nuée
Et le ciel, la paupière et l’œil, l’ombre-et le jour,
La haine affreuse, noire, implacable, et l’amour.
Ils sont deux combattants. Le combat, c’est le monde.
L’un, qui mêle à l’azur sa chevelure blonde,
Est l’ange ; il est celui qui, dans le gouffre obscur,
Apporte la clarté, le lys, le-bonheur pur ;
Du monstre aux pieds hideux il traverse les voiles ;
Sur sa robe frissonne un tremblement d’étoiles ;
Il est beau ! Semant l’être et le germe aux limons,