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Ôter enfin la nuit du visage inconnu !
Mais rien ! Le ciel est faux, l’astre ment, l’aube est traître !
Je n’ai qu’un seul effort, je me cramponne à l’être ;

Je me cramponne à Dieu dans l’ombre sans parois ;
Si Dieu n’existait pas ! Oh ! par moments je crois
Voir pleurer la paupière horrible de l’abîme.
Si Dieu n’existait pas ? si rien n’avait de cime ?
Si les gouffres n’avaient qu’une ombre au milieu d’eux ?
Oh ! serais-je tout seul dans l’infini hideux ?
Ô vous, les quatre vents soufflant dans le prodige,
Est-il ? est-il ? est-il ? est-il ? Moi-même suis-je ?
Ne verrai-je jamais blanchir les bleus sommets ?
Et devons-nous rester face à face à jamais,
Sous l’énigme, idiote et monstrueuse voûte,
Lui qui s’appelle Nuit, moi qui m’appelle Doute !
Et rien ne répondit ; et l’oiseau curieux
Et funèbre, crispant son ongle furieux,
Frémit ; et, se ruant sur l’espèce de face
Qui toujours dans la brume apparaît et s’efface,
Poursuivant l’éternel évanouissement,
Tâchant de retenir le vide, le moment,
L’éclair, le phénomène informe, le problème,
Et tout ce rien fuyant qu’il ne voyait pas même,